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GPS : Quelle direction pour sortir du deuil ?

Connaissez-vous le mot omerta ? Il s’agit de la loi du silence. Ce mutisme gardé sur un sujet compromettant ou tabou. Aujourd’hui je vais tenter, au travers de cet article, de briser le silence sur ce tabou du deuil. Sortir du deuil est possible. Pour cela, commençons par identifier des chemins pour le faire.

1 – Et au commencement il y avait : la perte d’un proche

Au départ, lorsque l’on vit un deuil, on est souvent bien entouré. Il y a la famille, les amis, des anciens collègues de travail, des connaissances du défunt et aussi des gens qu’on ne connaissait pas, mais qui nous montrent leur soutien. Puis, au bout d’un certain temps, on parlera ici, plus de mois que de jours ou de semaines, on trouve un peu moins cette écoute, cette oreille attentive, cette épaule sur qui pleurer. 

Parce qu’être en deuil, quand la relation était forte avec la personne qui est partie, ben… c’est carrément pas facile! Et ça prend un peu de temps et puis, forcément, vu que chaque être humain est différent, on aura des notions de temps et d’intensité qui seront différentes pour chacun. 

Inutile de chercher dans des livres ou dans des conseils sur le net s’il existe une méthode avec une durée, cela n’existe pas de manière précise et claire. Si on vous dit qu’un deuil ça dure 9 mois et 25 jours alors n’y croyez pas! Bien entendu, cette durée est fictive, mais aucune durée ne pourra être écrite dans le marbre! On est bien loin des tables de la loi de Moïse ici 😕

2 – Au bal, au bal masqué  (ohé ohé)

Alors, on commence à porter un masque, on le prend le matin dans l’entrée. Il se trouve juste à côté de notre manteau et de nos chaussures, proche du sac à main pour les femmes. On va l’enfiler pour paraître bien, pour paraître mieux, mais ce n’est qu’un masque parce qu’au fond, on n’est ni mieux ni bien. On a juste envie de parler du défunt, de pleurer, de s’exprimer sur sa peine, et quelquefois même, de hurler cette peine. 

Mais on ne peut pas le faire parce qu’au bout d’un moment il faut faire bonne figure. Qui n’a pas entendu à de trop nombreuses reprises le “mais tu n’as pas encore tourné la page”; “enlève-moi donc toutes ces photos de chez toi ça t’empêche d’avancer”; “mais tu pleures encore après tout ce temps”…

Ces injonctions prononcées qui au final ne sont que des phrases complètement stéréotypées qui ne font aucun bien. Et, en plus, même pas sûr qu’elles en fassent à celui qui les dit! Car, finalement, ce pauvre bougre qui vous dit ces phrases-là il ne sait pas vraiment comment faire avec vous. Il est souvent mal à l’aise; il ne comprend pas bien la situation, car il n’a pas votre vécu avec le défunt. Il n’a rien en commun avec vous et bien entendu, lui, il a avancé sur son chemin de vie. 

Alors, ce masque, il nous va plutôt bien en fait. On a bonne mine, il est exactement tout comme les gens ont envie de nous voir, c’est vraiment le visage presque idéal.

3 –  Que devient la chaussure de cendrillon une fois le bal terminé ?

Pourtant, on s’isole parce que ce masque il nous gratte. On n’a pas la grande envie de le porter quand on sort le matin. D’ailleurs est-ce qu’on a vraiment envie de sortir le matin ? Ou peu importe le moment de la journée. De quoi a-t-on vraiment envie ? De s’isoler avec sa peine puisque peu la comprennent. Il reste bien encore quelques amis proches qui sont toujours présents, mais réduit comme peau de chagrin. Eux, ont déjà vu ces masques dans l’entrée, mais ne sont pas dupes, ils ont fait l’effort de voir derrière ce filtre, de continuer à vous écouter, de vous accepter et de continuer à venir, à être juste là certaine fois. 

Ce n’est, cependant, pas facile pour eux non plus, parce qu’en fait, le défunt, c’était aussi un proche peut être, pas au même titre que vous mais, malgré tout la peine est là. Comment faire pour donner un soutien sans masquer, quelque part, cette peine ? Autant le dire, nous, on se veut égoïste. Notre peine est déjà si grande alors comment réussir à se préoccuper de celle des autres et puis, en a-t-on vraiment envie ou la force ? Alors quoi faire à part s’isoler ?

4 – Briser l’isolement 

Quand on se rend compte que, finalement, autour de nous, il n’y a plus trop personne qui semble avoir envie de nous voir dans ce dénouement, on ne sait plus trop quoi faire. Quelque part on se dit que, peut être, ce n’est pas normal d’en être encore là, après tout les autres ils ont tourné la page, eux, mais moi, je n’y arrive pas… et je n’arrive pas à m’aider ni aider qui que ce soit…mais ce n’est pas possible de vivre comme cela… du coup qu’est-ce que je peux faire pour m’en sortir ? 

Je ne sais pas si vous vous souvenez de la série télévisée l’Agence Tous Risques. C’est vrai ça date un peu, c’était au début des années 80, maintenant on dira que c’est vintage ;-). Eh bien, dans cette série ils disaient que c’était vers elle que vous vous tourniez : “quand la loi ne peut plus rien pour vous, il vous reste un recours ». J’ai franchement adoré cette série quand j’étais ado! 

Bien entendu, on est loin de cette fiction, car on ne parle pas de loi ici mais plus d’un mélange entre écoute, partage, et soutien.  Alors, c’est quoi notre agence tous risques ? 

5 – L’Agence Tous Risques 

Là encore, c’est propre à chacun, on pourra trouver ce que j’appelle des métiers indépendants tels que les psychologues, les psychiatres, les coachs, les acupuncteurs, les magnétiseurs, les sophrologues pour ne citer qu’eux. Toutes ces professions sont là pour nous aider à aller mieux, chacun avec ses outils, ses méthodes, sa pédagogie. 

Et puis on trouve aussi quelques associations, qui vont se démener avec leurs bénévoles formés pour nous aider, nous accompagner, au travers d’écoute téléphonique assez souvent mais également par des rendez-vous ponctuels dans certains cas. Ce sont aussi auprès d’elles que vous pourrez trouver des groupes de paroles. Ces groupes de parole dans lesquels la confidentialité régnera mais où les paroles seront enfin libérées. Un endroit où l’on pourra parler, partager, échanger et écouter ce que chacun aura envie de léguer dans cet espace.

On se dit quoi ? Est-ce qu’ils vont vraiment me comprendre s’ils n’ont pas connu le deuil ? Celui qui déchire, qui coupe, qui ampute, qui détruit à petit feu…

On se rend bien compte aujourd’hui que le deuil dans notre société est tabou. Autant on parle de la mort à tout bout de chant dans les journaux télévisés, dans les magasines, dans les jeux vidéos. Souvent, sans vraiment la voir à proprement parler. Elle s’invite partout et à tous les âges. Par contre, ce qui suit la mort, ce chemin de deuil, cette traversée, ce parcours, semble bien moins porteur. Un sujet très fort qui touche pourtant tellement de personnes pour ne pas dire la terre entière

Où en êtes-vous dans votre parcours ? Avez-vous déjà décidé de faire un pas pour sortir du deuil et cela, peut-être, en commençant par briser le silence ? Savez-vous déjà vers qui ou comment vous orienter pour vous libérer ? L’isolement n’est pas la solution même si on a l’impression qu’au moins là, on n’embête personne en restant seul. Posez ce masque et libérez-vous de ces chaînes du silence. Libérez votre parole pour aller de l’avant et recommencer à vivre. L’interaction c’est la vie.